Côte des naufrageurs, pays Pagan, Finistère. Au milieu de la nuit, les longs hurlements d’un cavalier fou chevauchant sa monture à toute allure terrifient les promeneurs. Sur cette côte que la légende appelle des « naufrageurs », un mystérieux plongeur s’obstine à saboter les embarcations des touristes et des pêcheurs du coin pendant qu’un corbeau envoie des courriers anonymes injurieux depuis plus de trente-cinq ans. La peur s’installe dans les petits villages de Guissény et de Kerlouan, attisant les animosités et rancœurs de ses habitants.
Dans ce roman choral, Gérard Charpentier nous invite à découvrir ces villageois au caractère rugueux, liés indéfectiblement à la mer et divisés en deux camps que tout oppose. Par petites touches, l’auteur, breton d’adoption, nous fait entrer dans les tréfonds de l’âme de ses personnages. Sous couvert d’un roman policier, il brosse en réalité un portrait subtil de l’être humain, de ses incertitudes, de ses questionnements face à son existence. Rien n’est jamais figé ou manichéen. Bien au contraire, les bons et mauvais côtés de chacun sont évoqués tout en nuances. Dans un style limpide et facile à lire, il sait par ailleurs retranscrire la rugosité des caractères mais également la loyauté et la solidarité des habitants de ces deux petits villages finistériens. Et même si l’atmosphère peut y être étouffante et angoissante, on a envie de retourner au pays Pagan !