[En résidence] Elise Goldberg à Douarnenez avec l'association Rhizomes
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L'autrice Elise Goldberg a commencé début février 2025 une résidence d'écriture de 2 mois à Douarnenez (29), auprès de l'association Rhizomes. Durant sa résidence, Elise Goldberg alternera temps d'écriture, rencontres avec le public et interventions dans les établissements scolaires du Finistère. Rencontre avec celle qui s'est fait connaître avec son premier roman Tout le monde n’a pas la chance d’aimer la carpe farcie (éditions Verdier, 2023), primé par le prestigieux prix Les Inrockuptibles.
Pourriez-vous en quelques lignes présenter votre travail ?
J’écris à partir de l’histoire de ma famille. Des deux côtés, mes parents sont d’origine juive polonaise et ont vécu la Seconde Guerre mondiale. La Shoah a eu un impact direct sur leurs vies. Dans mon premier livre, Tout le monde n’a pas la chance d’aimer la carpe farcie, j’ai abordé cette question de manière oblique, en y entrant par la langue : l’écriture, bien sûr ; mais aussi le yiddish, langue des Juifs d’Europe de l’Est, qui a une place dans mon texte ; et enfin et surtout, on le comprend par le titre, la langue au sens gustatif : les plats de la cuisine ashkénaze (juive d’Europe de l’Est) que mes grands-parents confectionnaient. Le prochain livre explorera un autre aspect de cet héritage et de l’histoire familiale, de manière sans doute plus frontale.
Quelles attentes avez-vous de cette résidence et pensez-vous qu’elle puisse jouer un rôle dans votre processus de création ?
Je vis en région parisienne, aux Lilas. Mon projet d’écriture actuel porte sur un autre lieu, situé dans les Vosges, en lien avec l’histoire de mon père. Et cette résidence a pour cadre un troisième lieu encore, Douarnenez. C’est un tiers lieu au sens propre, et c’est parfait. Cela me permet de m’extraire de mes habitudes non artistiques aux Lilas, sans avoir le nez dans le sujet que je souhaite évoquer. Un puissant effet de défamiliarisation qui m’est très bénéfique. Grâce à Rhizomes, l’association qui m’accueille en résidence, et au rhizome littéraire, justement, qu’elle entretient, je découvre aussi des écrivains, des poètes, des librairies… un terreau très stimulant.
Quels sujets abordez-vous dans le cadre de cette résidence et quels sont les publics ciblés ?
J’aborde souvent le motif de mon premier livre, le repas, dans les rencontres avec les publics, notamment au travers d’ateliers d’écriture. J’ai constaté à maintes reprises que cela mettait en appétit ludique et déliait les langues et l’écriture ! C’est aussi un excellent vecteur de rencontre entre participants, pour aller à la découverte de l’autre, partager et découvrir d’autres cultures. À la maison solidaire de Kermarron, qui organise des ateliers de confection de bocaux lactofermentés, j’ai animé avec Rhizomes un atelier d’écriture articulé à une dégustation les yeux bandés. Un bon point de départ pour travailler les cinq sens dans l’écriture. Je suis également intervenue en classe de collège et de lycée à Lorient et Douarnenez. Fin février, une autre rencontre avec des scolaires a lieu à Brest.