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Le sentiment que la mondialisation en cours se paie d'une regrettable désagrégation de la mosaïque qu'était le monde ; le regain d'affection consécutif pour les différences collectivement manifestées ; l'intérêt sans cesse plus vif porté aux paysages dont les bouleversements se lisent désormais comme la dilapidation d'un héritage ; le souci grandissant de l'environnement, qui s'insinue au plus près de notre vie quotidienne : ces diverses considérations, où la nostalgie et les craintes exagérées côtoient de salutaires prises de conscience, en viennent inéluctablement à prendre l'architecture à témoin, quand ce n'est pas prendre à partie. Elle encourt en effet fréquemment le reproche de ne pas exprimer convenablement le pays qui l'accueille et la société qui l'anime. Une telle conviction, nourrie par l'actualité, rencontre d'anciennes préoccupations et suscite souvent des préconisations déjà éprouvées par le passé pour que l'histoire et la géographie spéciales à un lieu, la substance présumée d'une région ou d'une nation, reçoivent une traduction architecturale.

Nombre de propositions émises aujourd'hui avec espoir et conviction, au prix d'une analyse rétrospective, peuvent être regardées avec méfiance tant elles ravivent le soupçon de vouloir dissimuler à bon compte de profondes transformations de la société, encouragées par ailleurs, ou portent des relents de communautarismes dévoyés. Ce livre s'en préoccupe, comme il s'emploie à distinguer ce qui demeure fécond dans certains principes énoncés naguère. Mais surtout, désireux d'éclairer l'avenir, à la suite d'un colloque international où ces questions furent débattues, il donne la parole à ceux qui, dans la critique ou l'action, s'interrogent sur la production des différences, la capacité de l'architecture à y contribuer, la faculté des habitants à s'accommoder des projets qui leur sont soumis et la légitimité des pouvoirs publics à oeuvrer pour leur orientation.