SINCERELY, TENDRARA

Disponible
Nombre de pages : 160
Dimensions : 230 mm x 280 mm
Poids : 958 gr
Prix : 55.00 €
Livre broché
EAN : 9782365101226
Distributeur : POLLEN
Nombre de pages : 160
Dimensions : 230 mm x 280 mm
Poids : 958 gr
Prix : 55.00 €
Livre broché
EAN : 9782365101226
Distributeur : POLLEN
Auteur(s) : Kenza Sefrioui
Editeur(s) : DE JUILLET
Date de parution : 24 avril 2025
Genre(s) : Arts et beaux livres
Tendrara est un village de l'Est marocain qui connut la prospérité grâce à la culture de la truffe et de l'Alfa, herbe servant de matériau à la fabrication de papiers de grande qualité. Mais la désertification et le dérèglement clima- tique ont causé la ruine du village et de ses habitants. Yzza Slaoui, jeune photographe marocaine engagée pour le développement de Tendrara, a remué ciel et terre pour financer qui une pompe à eau, qui une salle de classe... C'est sur la route y menant qu'elle est décédée il y a trois ans. Elle nous laisse un travail sensible dans lequel on perçoit la construction d'un regard empli de douceur et de bienveillance. Sans sensationnalisme, elle nous invite chez les villageois et nous déambulons avec eux à leur rythme ; à la boulangerie, pendant l'Aïd, au souk, pendant une tempête de sable... Dès les premières pages du livre, un paysage désertique aride, quelques bergers, un âne, un campement, une famille baignant un cheval. Les humains ne sont pas seuls ici. Puis Yzza nous prend par la main pour rentrer dans la ville puis dans les maisons. J’imagine Yzza aller à la rencontre de ces espaces et de ces gens de la même manière. Son style est calme, son regard posé, accompagnée de son appareil photo moyen format et de sa cellule manuelle. Les tons et les couleurs de sa pellicule sont doux, presque atténués. Extrait du texte d’Anastasia Taylor-Lind Sur les hauts plateaux semi-désertiques de la région de Tigri, au sud de Tendrara, quelques nomades résistent encore. Les plus riches d’entre eux ne possèdent plus que quelques dizaines de bêtes ; de maigres troupeaux de moutons et de chèvres qui se traînent le long de routes en mauvais état, vers les rares hassi, les puits où s’abreuver. Le pâturage a disparu, les troupeaux ne peuvent plus vivre de ce qu’ils trouvaient sur le parcours et les éleveurs sont contraints d’acheter le aâlf, le fourrage pour les nourrir. L’orge se paie au prix fort. Ils s’endettent pour que leurs bêtes survivent. Ils comptent les saisons qu’il leur reste avant d’être obligés de s’établir en ville. Les terres se craquellent. La sécheresse a eu raison de la vie en communauté qui animait, jusqu’il y a encore quelques années, les plateaux de Dahra, avec des douars de nomades constitués le temps d’un rassemblement. On n’en voit aujourd’hui presque plus. Le tissage a quasiment disparu à cause de la pénurie de laine. L’aridité a aussi eu raison des animaux qui peuplaient Dahra : oiseaux, lévriers, gazelles de l’Oriental. De Aïn Beni Mathar à Traride, petite agglomération disséminée non loin de Tendrara, c’est une succession de terres stériles, là où les anciens se souviennent d’une région belle et verdoyante, avec une faune et une flore riche. Il y neigeait en hiver et à la belle saison, pendant trois mois, on cueillait la truffe blanche. Seuls, sans aide aucune, les nomades subissent les conséquences du réchauffement climatique. Les tentes se rapprochent de Tendrara. S’installer non loin de la route permet de s’établir non loin d’un hassi et de subvenir aux besoins en eau de la famille et de ce qui reste du troupeau. Jonchée d’épaves de citernes, de carrioles et de camions abandonnés, la route qui était jadis celle du nomadisme n’est plus que celle de l’exil, de la déchéance et de la misère, dans cette région où la pauvreté est l’une des plus dures du pays. « Les gens ici acceptent de vivre avec peu, mais même ce peu leur est refusé », résume Abderrahmane, ancien nomade installé depuis plus de trente ans à Traride. À l’intérieur de sa maison, il a gardé une tente dressée où il lui arrive de manger et de passer la nuit. Un nomade reste nomade dans l’âme. Extrait du texte de Kenza Sefrioui et Hicham Houdaïfa