PAUL LES OISEAUX (PORTRAIT)
Disponible
Nombre de pages : 66
Dimensions : 120 mm x 200 mm
Poids : 88 gr
Prix : 17.00 €
Livre broché
EAN : 9782490385454
Distributeur : ISABELLE SAUVAGE
Nombre de pages : 66
Dimensions : 120 mm x 200 mm
Poids : 88 gr
Prix : 17.00 €
Livre broché
EAN : 9782490385454
Distributeur : ISABELLE SAUVAGE
Auteur(s) : Erwann Rougé
Editeur(s) : ISABELLE SAUVAG
Collection : Pas de côté
Date de parution : 7 juin 2024
Genre(s) : Littérature générale
Langue(s) du texte : Français
Paul les oiseaux est une édition revue du livre au titre éponyme publié aux éditions Le dé bleu, en 2005. De fait, Erwann Rougé l’a profondément repris sans pour autant s’éloigner de son propos initial, ce pourquoi le titre n’a pas été modifié — à un détail près, qui a son importance : il est aujourd’hui sous-titré portrait. Le texte est ici resserré d’une vingtaine de pages, il est désormais scandé en trois parties au lieu de quatre, non titrées ni numérotées, ne faisant plus entendre qu’une seule voix et centrées sur la seule figure de Paul. On a là un formidable travail de réécriture du poème, comme désossé, repris jusqu’à l’os : s’arrêtant sur chaque mot, chaque vers, les interrogeant au plus près, les recomposant l’un avec l’autre, les ajustant, les re-densifiant, sachant pourtant que la première édition était loin d’être « bavarde », Erwann Rougé ayant toujours été un poète à l’écriture extrêmement concise, serrée, pour qui — il le redit ici — « les mots sont des vertèbres / des chairs des os » et qui s’interroge : « D’où vient que ça prend langue / au bord de pas dire jusqu’où ».
Paul est « demeuré » — il faut se souvenir que demeurer est aussi continuer d’être / avoir sa demeure, habiter —, ou « inadapté ». C’est un être de sensations, un être-oiseau (de l’oiseau, figure récurrente de toute l’œuvre d’Erwann Rougé, les références sont ici constantes) : il ne parle pas, mais « porte à la bouche l’écriture / des pattes d’oiseau » ou il « dit cela au vent », avec « le bout d’un doigt », ou parle « en arbre », « en pierre qui pleure », ou encore « à contre-langue / le bruit des ailes à l’intérieur » — il « avale le terrifiant », il « crie le dedans ». D’une infinie fragilité, il est d’une extrême douceur et délicatesse. Lui qui « ne sait pas le corps si grand » « ralentit les doigts » ou « se hisse sur la pointe des pieds / pour ne pas blesser où il marche ». Mais si « La main à plat touche terre / et les mots montent dedans », « tout pèse dans l’autre sens », « la place d’amour » est piétinée et il va « le bec perdu d’avance », « raturer la peur // racler le sable qui chante / un requiem d’eau ».
Alors, c’est peut-être le poète, le poète-corbeau, qui peut donner à cet « animal poésie » — « cet éphémère céleste » —, « une durée infinie », lui qui « sépare la chair de l’os » / « blanchit l’os », justement, c’est le poète peut-être qui peut « tisse[r] l’épissure peut-être poème » et laisser Paul « dormir là / où la parole se relève ».
On ne s’étonnera pas que le titre soit emprunté au Paul les Oiseaux, ou la Place de l’Amour d’Antonin Artaud, cité en exergue. De ce court texte de 1925, où on peut lire : « Paul les Oiseaux a une voix imperceptible, une démarche d’insecte, une robe trop longue pour lui. […] Paolo Uccello représente l’Esprit, non pas précisément pur mais détaché », Artaud avait déclaré : « Je suis vraiment Paul les Oiseaux. » En sous-titrant portrait ce nouveau Paul les oiseaux, Erwann Rougé se place
Paul est « demeuré » — il faut se souvenir que demeurer est aussi continuer d’être / avoir sa demeure, habiter —, ou « inadapté ». C’est un être de sensations, un être-oiseau (de l’oiseau, figure récurrente de toute l’œuvre d’Erwann Rougé, les références sont ici constantes) : il ne parle pas, mais « porte à la bouche l’écriture / des pattes d’oiseau » ou il « dit cela au vent », avec « le bout d’un doigt », ou parle « en arbre », « en pierre qui pleure », ou encore « à contre-langue / le bruit des ailes à l’intérieur » — il « avale le terrifiant », il « crie le dedans ». D’une infinie fragilité, il est d’une extrême douceur et délicatesse. Lui qui « ne sait pas le corps si grand » « ralentit les doigts » ou « se hisse sur la pointe des pieds / pour ne pas blesser où il marche ». Mais si « La main à plat touche terre / et les mots montent dedans », « tout pèse dans l’autre sens », « la place d’amour » est piétinée et il va « le bec perdu d’avance », « raturer la peur // racler le sable qui chante / un requiem d’eau ».
Alors, c’est peut-être le poète, le poète-corbeau, qui peut donner à cet « animal poésie » — « cet éphémère céleste » —, « une durée infinie », lui qui « sépare la chair de l’os » / « blanchit l’os », justement, c’est le poète peut-être qui peut « tisse[r] l’épissure peut-être poème » et laisser Paul « dormir là / où la parole se relève ».
On ne s’étonnera pas que le titre soit emprunté au Paul les Oiseaux, ou la Place de l’Amour d’Antonin Artaud, cité en exergue. De ce court texte de 1925, où on peut lire : « Paul les Oiseaux a une voix imperceptible, une démarche d’insecte, une robe trop longue pour lui. […] Paolo Uccello représente l’Esprit, non pas précisément pur mais détaché », Artaud avait déclaré : « Je suis vraiment Paul les Oiseaux. » En sous-titrant portrait ce nouveau Paul les oiseaux, Erwann Rougé se place